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En octobre 1915, l’artiste Juliette Roche répondait à une journaliste à propos de son travail :

« Moi ? […]. Je ne serai jamais cubiste, même si, bien sûr, cet art m’intéresse au plus haut point. Non, même mon mari ne peut m’influencer ».

Cette déclaration, dont l’audace et la liberté d’agir sont à associer au caractère piquant et aux privilèges de classe de son auteur en ce début de XXe siècle, met toutefois en lumière une réalité de la condition des artistes femmes à la pérennité empêchée : regard essentialiste posé sur les pratiques artistiques et le statut même d’artiste, carrières écourtées au profit de celle d’un homologue masculin, sous-représentation des artistes féminins dans les collections publiques à l’ère contemporaine…

Dans la continuité du précédent accrochage des collections « Un siècle de peinture », « Je ne serai jamais Cubiste » s’attache à exposer les travaux des artistes féminines présentes dans les collections, illustrant, de nouveau, un siècle de création.

Si le parcours d’exposition est fondé sur le critère du genre, celui-ci n’entend pas réduire à cette identité les œuvres présentées.

L’exposition entend faire dialoguer des productions intergénérationnelles, faisant se confronter les écritures plastiques de la céramiste Anne Dangar dont les travaux illustrent le cubisme gleizien, avec ceux de la très contemporaine Mireille Blanc qui use de la peinture pour exacerber le détail, révéler l’étrangeté d’un objet ordinaire. Les abstractions géométriques de Geneviève Claisse, les aquarelles de Christine Boumeester partagent les cimaises avec Sonia Delaunay et Juliette Roche, deux artistes complètes dont le statut d’épouse d’artiste reconnu l’a emporté sur la reconnaissance légitime de leurs travaux.

Construit au sein des trois salons XVIIIe du musée Estrine, le parcours est articulé en trois chapitres, segmentés par les générations, de 1910 à 2024.

Cet article a été modifié pour la dernière fois le 28 janvier 2025 à 13:35

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