Robert Droulers est un peintre du Nord qui, comme Vincent van Gogh, a cherché dans le Sud une autre lumière pour nourrir son regard et renouveler sa peinture. Né en en 1920 à Lille, il peint ses premières toiles vers 1935 et participe à sa première exposition en 1939. Après s’être dégagé des obligations militaires, il est engagé comme cadre dans la filature Droulers-Vernier. Dès lors, sa peinture, principalement réalisée le soir à la lumière artificielle se détache de la figuration. Droulers expose avec d’autres peintres du groupe de Roubaix, en 1953 à la galerie Evrard ; puis en 1954 au Salon des réalités nouvelles. Son écriture devient de plus en plus lyrique dans la mouvance de Manessier. En 1965, son usine est expropriée, il peut quitter son métier et partir dans le Midi avec sa famille. Ils s’installent d’abord à Murs (Vaucluse) dans une grande maison qu’il restaure entièrement, puis à Avignon et enfin à Saint-Rémy-de-Provence en 1980. Sa peinture se rationnalise au contact d’un paysage provençal découpé par la lumière. Il réalise les décors de la pièce Hedges pour son fils, le chorégraphe Pierre Droulers, ainsi qu’une scénographie de dalles lumineuses pour la pièce Trans-apparence-express de Louis Castel présentée au festival d’Avignon (1980). Il partage sa vie entre Paris où il expose à la Galerie Bellint puis à la Galerie Hansma tout en participant aux FIAC, et le Midi où il se replie dans le travail. Sa perception du monde s’intériorise et ses peintures traitent d’un monde entre deux, à la marge, où les motifs de lisière, de seuil se répondent. La matière peinture est modelée en transparence pour donner des jus aux textures évanescentes, troublées, d’une grande délicatesse. Au milieu des années quatre-vingt-dix, des figures d’abord comme des failles puis personnifiables par leur visage et leur corps, font leur retour dans l’œuvre ouvrant sur des réflexions mystiques autour du motif de la crucifixion et des stigmates. Cette réapparition tardive de la figure est une résistance de l’être au monde et le jeu de la peinture, depuis toujours, une vision comme une réminiscence du réel.
Les deux expositions, concomitantes, de Roubaix et Saint-Rémy permettront de revenir sur cet œuvre en continuel déploiement dont les formes résonnent profondément avec la peinture européenne et américaine de la deuxième moitié du XXe siècle.
En coproduction avec La Piscine – Musée d’art et d’industrie André Diligent de Roubaix
Cet article a été modifié pour la dernière fois le 13 janvier 2023 à 10:04