Bien avant que le débat sur le glyphosate ne défraie la chronique, avant même l’émission « choc » Cash Investigation de France 2 de février 2016 consacrée aux herbicides, à leurs dangers pour la santé et l’environnement, la ville de Saint-Rémy s’est engagée dans une démarche vertueuse en mettant fin, dès janvier 2016, à l’utilisation des produits phytosanitaires sur la commune.
Il ne fait désormais plus aucun doute pour personne que le recours aux herbicides et notamment au glyphosate représente un danger pour l’environnement et la santé publique. Les chiffres sur le sujet donnent le tournis : entre 2008 et 2013, 47 626 tonnes de glyphosate ont été écoulées en France. Aujourd’hui, une grande partie de la population est exposée et des résidus de cette substance hautement nocive ont été détectés dans 53% des cours d’eau représentatifs et testés par le Commissariat général au développement durable. Concernant son impact sur la santé publique, un rapport du Centre international de recherche sur le cancer a classé la substance, en mars 2015, comme cancérogène “certain pour l’animal” et “probable chez l’homme”.
Des actions concrètes et ambitieuses !
Face aux enjeux environnementaux et de santé publique que représente l’usage d’herbicide, la ville de Saint-Rémy-de-Provence a très tôt pris ses responsabilités en diminuant drastiquement leur usage dès les années 2010 et en en bannissant l’usage dès janvier 2016, tant sur la voirie que sur les espaces verts. Deux exceptions cependant, permises pour le moment par la loi Labbé, en vigueur depuis janvier 2017 : le cimetière et les terrains de sport où l’usage d’herbicides est toléré sous certaines conditions.
Saint-Rémy souhaite cependant se passer totalement de l’usage de désherbant chimique de synthèse pour les raisons invoquées ci-dessus. La ville a ainsi fait réaliser début 2018 un plan de désherbage auquel a été associé l’ensemble des services municipaux concernés. Ce plan fixe des priorités, évalue les moyens humains et matériel nécessaires et planifie au mieux les étapes pour atteindre notre objectif. Il prévoit également des actions de sensibilisation des Saint-Rémois.
C’est dans cet esprit que des produits chimiques de synthèse, pourtant encore autorisés pour lutter contre certaines maladies ou ravageurs, ont également été remplacés à Saint-Rémy par des produits de bio-contrôle. C’est le cas notamment du traitement des platanes contre l’oïdium, avec un produit à base d’essence d’orange douce utilisé en agriculture biologique, qui sera pulvérisé sur le feuillage des platanes du Cours le 2 juillet prochain. Contre le tigre du platane, ravageur redoutable, un autre système de lutte biologique est actuellement testé sur notre ville.
Dans la même lignée, la ville procède depuis 2014 au « faucardage tardif », des bords de route : on fauche plus tard, moins souvent et avec une hauteur de tonte plus importante car les herbes hautes demeurent de véritables niches écologiques, pour les insectes comme pour les espèces végétales qui réapparaissent progressivement.
C’est pour faire connaître cette démarche que la ville, via la bibliothèque municipale et le service des espaces verts, a lancé au mois de juin son action de sensibilisation Des herbes pas si folles ! Une bonne manière de comprendre les enjeux des nouvelles pratiques, notamment en matière de désherbage : sur ce sujet, ce sont aussi les habitudes de chacun et notre regard sur les « herbes folles » qu’il faut arriver à changer. Comme le rappelle Gisèle Perrot-Ravez, adjointe déléguée à l’environnement, « malgré les moyens mobilisés afin de la contenir, il faut commencer à s’habituer et à accepter la présence d’herbe à certains endroits. »
Une complémentarité des actions pour une nature préservée
Cette nouvelle gestion du désherbage est complétée par les nombreuses actions municipales en faveur d’un développement durable, à savoir le développement des énergies renouvelables (panneaux photovoltaïques du Cosec et de l’Alpilium, chaudière à bois de l’école de l’Argelier), le remplacement progressif des éclairages publics classiques par des éclairage à Leds (cinq fois moins consommateurs d’énergie), l’acquisition de véhicules et de matériels électriques, les travaux d’isolation des bâtiments publics, etc.
Le problème est aujourd’hui résolu. Entre le 22 et le 29 juin, les services techniques municipaux ont rendu le cimetière plus présentable. Services et élus travaillent désormais à l’amélioration de cette démarche qui reste essentielle pour notre santé à tous et la préservation de notre environnement.
Cimetière : une exception qui confirme la règle
De nombreux Saint-Rémois se sont émus, à juste raison, de la hauteur importante de l’herbe sur une partie du cimetière. Plusieurs explications à cela :
– Tout d’abord, une météo très particulière ces derniers mois, où l’alternance de fortes pluies et de soleil a favorisé une pousse anormalement rapide et importante de l’herbe, ce qui a considérablement compliqué la tâche des services.
– D’autre part l’application du nouveau plan de désherbage demande aux équipes de s’adapter et de travailler différemment.
Le cimetière a fait les frais de la mise en route de cette nouvelle démarche, avec une herbe devenue beaucoup plus envahissante qu’attendu.
Ce projet a bénéficié du soutien financier de l’agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, à hauteur de 67 144 €. L’agence de l’eau est un établissement public de l’État qui oeuvre pour la protection de l’eau et des milieux. Elle perçoit des taxes sur l’eau payées par tous les usagers et les réinvestit auprès des maîtres d’ouvrages (collectivités, industriels, agriculteurs et associations).
Cet article a été modifié pour la dernière fois le 7 novembre 2023 à 15:50